Dans le sillage de Neuville… L’interview portrait de Gino Bux.

Ce week-end du 5 au 7 juin, le peloton de l’European Rally Championship (ERC) fait escale au Portugal. Gino Bux, vainqueur 2013 du volant RACB, est notre représentant belge. L’an dernier, il finissait ce rallye sur le podium. Présentations.

Gino est un étudiant en architecture de 24 ans. Enfin, il l’était. Car Gino a décidé d’interrompre son cursus pour se concentrer exclusivement sur sa saison en sport automobile. Ses journées sont assez bien occupées. A titre d’exemple, il y a deux ans, il ne faisait quasiment pas de sport. Depuis 2014, il s’entraîne cinq fois par semaine. Il m’a accordé quelques minutes, pour me permettre, et vous permettre, de mieux le connaître.

Gino et son expérimenté copilote, Eric Borguet.

Gino et son expérimenté copilote, Eric Borguet.

Gino, quel a été ton parcours avant d’en arriver ici, dans cette 208 R2 ?

Mon parcours n’est pas très étoffé. Mes parents ne sont pas issus du monde du sport auto mais j’ai la chance d’habiter à 300 mètres du circuit de Spa-Francorchamps. J’ai appris à « marcher » là-bas. J’ai aussi fait pas mal de karting 4 temps avec des amis, en loisir, pour le plaisir. Puis, j’ai commencé à faire quelques endurances par-ci par-là. Un jour, je me suis dit, pourquoi pas essayer le circuit ? J’ai donc fait un peu de Fun Cup et en 2011, j’ai fait une saison BeNeLux en Legends Car Cup. Par après, j’ai vu le flyers pour la sélection du volant RNT (Ndlr : RACB National Team) et la suite, on la connaît.

Justement, parle nous de cette fameuse sélection.

La première étape, c’était du simulateur. Ensuite, nous devions passer devant un jury composé de grands noms comme Marc Duez, Bas Leinders, Michèle Mouton, Maxime Martin, etc. A la fin, il en restait 5, qui seraient confrontés à 5 bons pilotes du championnat junior. Tout au long de cette fameuse journée d’essais pour nous départager, j’ai assez bien évolué. D’abord, dans l’auto avec des pneus conventionnels pour observer notre car control et ensuite, en pneus racing. En fin de journée, j’étais le plus rapide et j’ai été, apparemment, choisi à l’unanimité. C’était une surprise énorme pour moi.

Depuis le début de l'aventure, Gino pilote cette 208 R2: 1,6L turbo, 185 chevaux.

Depuis le début de l’aventure, Gino pilote cette 208 R2: 1,6L turbo, 185 chevaux.

Quelle était l’épreuve la plus dure ?

Je dirais que le plus compliqué, c’était de gérer le dernier run imprévu. Il fallait tout donner. Nous n’avions plus droit à l’erreur. C’était très intense.

Peux-tu nous raconter ton passage devant le jury ?

Il fallait leur expliquer pourquoi moi et pas un autre. Bref, montrer sa motivation. A mon sens, c’était important de rester vrai et franc. Je n’ai donc pas joué de faux jeu. Au final, ça leur a plu. C’était un très bon échange avec ces grands noms du sport auto. J’étais impressionné mais j’ai réussi à ne pas le montrer. Dans tous les cas, c’était un très bon moment durant cette sélection.

Dis nous, pourquoi t’ont-ils choisi toi et pas un autre ?

Il faut le demander aux gens qui m’ont évalué. Mais je pense surtout les avoir impressionnés car en fin de journée, j’étais le plus rapide alors que j’avais bien moins d’expérience que beaucoup d’autres. J’ai aussi eu une belle progression lors de cette journée.

Parle nous de 2014, ton année d’apprentissage…

Le championnat ERC est très relevé. Tous les pilotes sont des champions nationaux. Ils sont donc naturellement très rapides. Peu de pilotes viennent en disant « Allé, j’ai du budget, je vais faire des beaux rallyes ». Non, ce sont les meilleurs de chaque pays dans un championnat. Pour moi, ça n’était pas évident car j’avais participé à deux rallyes régionaux avec des amis, quasiment sans notes, pour le fun. Au total, j’avais peut-être parcouru 100 km. Ce qui est très peu. Du coup, une fois arrivé en Irlande pour un championnat comme l’ERC, c’était très compliqué. On a réussi à faire un podium au Portugal car on a fait un rallye intelligent mais j’avoue que c’était un peu inespéré. Quoi qu’il en soit, j’ai beaucoup appris et j’ai fait un grand pas en avant par rapport à l’an passé.

En Irlande, les premiers chronos étaient de haut niveau mais Gino et Eric n'ont malheureusement pas vu le bout

En Irlande, les premiers chronos étaient de haut niveau mais Gino et Eric n’ont malheureusement pas vu le bout.

Avec deux casses, les deux premières manches ont été assez compliquées. La pression n’est pas trop forte ?

Dans une équipe comme le RNT, il y a toujours de la pression. On représente notre pays dans une discipline donc il faut donner le meilleur de soi-même. C’est donc parfois compliqué, surtout avec ma faible expérience. Mais j’évolue dans un contexte très favorable avec l’énorme soutien de la fédération, de Peugeot, de l’équipe qui est très dévouée et qui ne compte pas ses heures. On nous demande de faire mieux que la saison passée et étant donné qu’on a fini quatrième au championnat, ce qui n’est pas un vilain résultat, ce ne sera pas évident. Surtout que l’an dernier, nous étions 9 voitures environ et cette année, il y en a 20. Le niveau est plus élevé et les exigences aussi. On va devoir se cracher dans les mains en faisant des courses intelligentes. L’objectif est toujours d’être champion car le RNT, c’est l’excellence. J’ai envie d’y croire car notre rythme en course est bon. Lors du Spa Rallye, nous étions les meilleurs juniors et les meilleurs en deux roues motrices. Avant d’abandonner en Irlande, on naviguait entre la première et la deuxième place du shakedown. C’est motivant. Je vais tout donner.

On croise les doigts pour toi Gino!

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