Self-garage : Bien plus qu’un concept, c’est une évolution du métier !

Voici le reportage développé de l’article paru le samedi 16 mai 2015 dans Sudpresse.

Le Garage 51 s’est lancé dans l’aventure du garage en libre-service. En France, il en existe un réseau complet et labellisé. Immersion dans un garage pas comme les autres…

A Jurbise, dans la région montoise, figure un garage très particulier. Au bout d’une allée peu voyante, on ne pourrait se douter que Maxime vient louer du matériel pour travailler sur sa BMW Série 3 E36. A côté de lui, sur un pont, Constant, un cariste formé en mécanique, travaille sur un Renault Scénic de 2011. C’est le véhicule de son collègue, Alain : « J’ai acheté les plaquettes de frein sur Internet mais lorsque Constant a voulu les changer, on s’est rendu compte qu’il fallait un ordinateur pour déverrouiller les pistons du frein à main électromécanique. En concession, cette opération me coûte trop cher. Je suis donc venu ici pour avoir le matériel à disposition. ». Ici, c’est le Garage 51, chez Pascal et Olivier. Depuis le début de cette année, ces deux garagistes, ayant tous deux travaillé de nombreuses années en concession, proposent du self-garage. Le principe est simple. Les particuliers viennent avec leur propre véhicule pour effectuer eux-mêmes la réparation. Soit, comme Alain, ils viennent avec leurs propres pièces, soit ils commandent auprès de Pascal et Olivier. Dans les deux cas, ce sont les clients qui mettent la main à la pâte tant qu’il s’agit d’opérations « courantes » tels qu’une vidange, un petit entretien, des changements de plaquettes, de filtres, etc. De la sorte, les clients ne paient pas la main d’œuvre. Ils ne doivent débourser que le prix de la location du matériel.

Au bout d'une allée peu voyante se cache un garage aux services particuliers... © M.P.

Au bout d’une allée peu voyante se cache un garage aux services particuliers… © M.P.

Un accompagnement permanent

Après avoir changé l’huile, Pascal demande à Constant s’il a bien fait tourner le moteur durant 2 minutes, pour vérifier le niveau. « Ha oui c’est vrai ! », s’exclame Constant. En plus de la location, ils bénéficient gratuitement de l’expertise de Pascal et Olivier, qui gardent toujours un œil sur leurs clients : « Dès qu’un client arrive, nous lui demandons quelles sont ses compétences pour savoir ce qu’il pourra effectuer. Et de toute façon, dès les premiers mouvements du particulier, nous voyons s’il est à l’aise ou pas avec la mécanique. Pascal et moi les conseillons et nous ne les laissons jamais partir sans avoir effectué une vérification du véhicule. ». L’aspect sécurité est donc bien préservé. Mais qu’en est-il du gain financier pour Pascal et Olivier ? « Il est vrai que notre démarche est en partie sociale. Mais le coût d’investissement pour proposer du self-garage n’était pas si élevé. Nous avons quatre ponts. A deux employés, il est très difficile de s’occuper de voitures placées sur quatre ponts en même temps. Ceux qui sont libres sont dédiés au self-garage. Ainsi, ils sont rentables. ». Pour proposer ce concept, il faut donc de la place. « 50% de notre bâtiment est réservé au self-garage et 50% reste accessible pour que nous effectuons notre boulot traditionnel de mécanicien. ». Au bout du compte, 25% du chiffre d’affaire du Garage 51 provient du self-garage. Le pourcentage restant provient du boulot traditionnel de mécanicien car il serait impossible de ne vivre que du garage en libre service.

Pascal veille au grain si le client a besoin d'un coup de main. © M.P.

Pascal veille au grain si le client a besoin d’un coup de main. © M.P.

Un réseau complet en France !

Il y a encore deux mois, un deuxième garage « Do it yourself’ » existait en Belgique. Il était badgé du réseau français Vgass (Votre Garage Automobile en Self Service). Cette centrale de pneu a été reprise par Fabrice. Malheureusement, il n’a pas pu remettre le couvert : « Il faudrait un mécanicien confirmé en permanence. Dès lors, on aurait pu le proposer à des tarifs plus élevés qu’auparavant mais nous manquons de place. Nous n’avons que deux ponts. C’est donc très compliqué de relancer le concept même si nous sommes intéressés. Peut-être que par la suite, lorsque nous serons mieux installés et en étudiant des tarifs rentables, nous pourrons le proposer. ». Mais comment se fait-il qu’en France, cela fonctionne du tonnerre ? Tout d’abord, parce que le concept est varié et finement étudié. Cela va du simple self-garage comme à Jurbise, à du garage associatif qui a une vocation sociale, destiné, par exemple, aux bénéficiaires du SMIC (Salaire minimum interprofessionnel de croissance). Il est finement étudié car le but de ce réseau est d’aider les professionnels qui souffrent de la crise et de la vente de pièces sur Internet, en se déclinant et en faisant évoluer le métier. Car c’est vrai, comme en Belgique, les particuliers sont de plus en plus à « bidouiller » eux-mêmes leur auto. Sur le plan sécuritaire ainsi que du recyclage des huiles, filtres et autres, cela n’est pas sain. En outre, Vgass est un label reconnu en France. Ce qui apporte une crédibilité. Par ailleurs, ils sont ouverts à toute nouvelle association avec des professionnels en Belgique.

Que faut-il en retenir?

La crise continue à faire mal à nos porte-feuilles. Dès lors, chacun tente de trouver des solutions pour entretenir sa voiture à moindre coût. Soit par soi-même, soit par des amis qui n’ont pas toujours reçu une formation adéquate. Parfois même, certains n’entretiennent même plus leur voiture. Qu’en est-il de la sécurité ? Du recyclage ? De l’avenir des garagistes indépendants et même des concessionnaires ? Même si les véhicules sont de plus en plus envahis d’électronique, il restera toujours de simples opérations que nous pouvons réaliser nous-mêmes. Voilà pourquoi le self-garage est un concept qui devrait avoir de l’avenir, en répondant à toutes ces questions.

Olivier et Pascal ont bien étudié leur business et sont persuadés que le concept va se développer. © M.P.

Olivier et Pascal ont bien étudié leur business et sont persuadés que le concept va se développer. © M.P.

Prix et garantie

Le Garage 51 propose des forfaits de 19 à 39 euros pour la location de tout le matériel durant 45 minutes. Les conseils de Pascal et Olivier sont inclus dans le prix mais comme nous l’a rappelé Daniel Labours de chez Federauto, attention toutefois à la garantie lorsque la réparation n’est pas effectuée par un professionnel.

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